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Rien de moi - Arne Lygre
Théâtre de la Colline, Stéphane Braunschweig - 26/10/2014
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Une chambre nue et toute blanche. Dans cet espace vide, une femme et un homme s’interpellent. Ils se sont rencontrés dans un bar, désirés sur le champ et se retrouvent dans cette pièce qu’ils imaginent bientôt meubler et remplir de la vie nouvelle qui est désormais la leur. Et pour qu’un projet aussi ténu devienne réalité, il le martèle avec des mots auxquels bientôt se mêlent ceux du passé. « Ce que nous disons compte aussi » disent-ils. Commence alors un récit de vie où apparaissent quelques comparses, à moins que ce ne soit que des fantômes : le mari et le fils que la jeune femme a abandonnés, la mère égarée et possessive dont l’un et l’autre ont dû s’extirper non sans dommage, l’enfant mort accidentellement qui hante encore les esprits. La mort rôde dans le passé aussi surement qu’elle rattrapera les êtres dans le présent. Mais avant cela, il y a la femme rejetée par son amant à qui elle s’accroche pourtant après avoir repoussé la tentation de retourner auprès de son mari. Au dénouement de cette histoire où chacun veut pénétrer dans celle de l’autre, il y a la maladie. C’est sur l’homme inconstant et volage qu’elle s’abat comme le bras d’une justice immanente. Alors quel choix reste-t-il à la femme sinon d’accompagner son amant jusqu’au bout. Par amour ? Par désespoir ? Non, par le simple poids de la fatalité qui conduit les êtres jusqu’à la destruction ultime.

Voilà donc une tragédie en bonne et due forme, une tragédie contemporaine racontée dans une langue chirurgicale, soulignée d’hyper-répliques qui donnent aux mots le poids du « logos », source de toute tragédie. Car c’est dans la volonté de mettre leur vie en récit, plus que de la vivre réellement, que se noue le destin d’un couple en quête d’un bonheur illusoire. Et pour faire résonner ce texte implacable, les personnages, très bien servis par des comédiens tout en retenue, restent à distance et ne se livrent qu’à des gestes à peine ébauchés comme si leur élan vital avait été anéanti par une société pétrifiée dans la glace. Et lorsque la mort surgit, pour la rendre acceptable — pour ainsi dire ludique — Stéphane Braunschweig a aménagé sur le plateau du petit théâtre un bassin rempli d’eau dans laquelle barbotent, comme dans un bain apaisant, les amants réunis aux derniers instants de leur vie.

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